LETTRES DANS LES CAHIERS DE MÉMOIRE

13. Cahier n°15 "Copper" : Lettre à J.F. le "psy" d'Ariane

(15 juillet - 3 spetembre 1982)

- 15 ans -

 

 

 

 

 

 

Depuis un an, Ariane suit une psychothérapie avec J.F. tour à tour adoré, détesté, adoré à nouveau... Le 15 avril 1982, elle écrit dans « Banana », cahier n°14 :

"Il m'a fait connaître une gêne à cause du silence. [...] Et le pire, c'est que je suis horriblement malheureuse et j'aimerais qu'il me parle, me parle, me parle."

Au cours de cette "thérapie", il a été décidé qu’à la rentrée scolaire, Ariane quittera le nid maternel : « Grimm » pour aller vivre chez « Richard », son père.
En attendant ce grand départ, en vacances avec son père, elle écrit à J.F. dans « Copper », cahier n°15, à l’aide d’un carbone pour en avoir une copie :

Entrée du mardi 3 août 1982 :

Une petite lettre à J.F. (J'ai annulé au dernier moment ma séance avec lui!) :

Cher J.F., J'espère que tu te reposes un peu entre tes séances. Moi, j'ai encore un mois et quelques semaines de vacances et même ça devient chiant à la fin. En fait, je n'arrive pas tellement à profiter de mon séjour et jene suis pas guérie! Mais vivant chez mon père, je garde un peu d'espoir. Je te donne de mes nouvelles à la rentrée. Je t'embrasse très affectueusement. Ariane.

Je ne pense pas le revoir à la rentrée. Mon prochain psy sera mon flirt et Myriam.

Quatre jours plus tard, Ariane écrit dans « Copper »:
Entrée du samedi 7 août 1982 -

Je réfléchis à mon déses. Il correspond évidemment à mon départ chez Richard, le «décès» de Grimm."

Puis, le lendemain :
Entrée du dimanche 8 août 1982 -

La vraie raison de mon déses est que je me casse chez Richard et que Grimm me hante, je crois. Vraiment, ce journal est formidable. Ce travail terrible à faire seule. C'est dingue. Et je suis fière d'y arriver à peu près. C'est tellement difficile. Quand je relis Copper, je suis étonnée de trouver des analyses, des choses aussi exactes. Je suis terriblement intelligente: pouvoir trouver tout ça à 15 ans.
 Finalement, je préfère cette vie de patachon, pleine de hauts et de bas (souvent très bas!) et comprendre tout ça plutôt qu'une vie peinard, sans problème, sans se poser de questions. Mais mon cerveau dans une autre peau sera toujours aussi malheureux. De tout, c'est ma situation que je préfère. Ma beauté, le fric, ma chambre, etc. Mais putain, qu'est-ce que je souffre !

Pourquoi être comme ça ?